A320, A330, A340, A350, A380… Chez Airbus, ils ont une manière bien particulière et plutôt régulière de nommer les avions dont ils supervisent la construction. Beaucoup d’amoureux de l’aéronautique se demandent d’où viennent ces noms. Viennent-ils du nombre de passagers ou du moteur ? Les deux et nous vous expliquons pourquoi.
Une construction européenne
À travers l’histoire d’Airbus, c’est l’histoire de toute l’aéronautique et de l’industrie européenne qui se raconte. En effet, le constructeur de gros-porteurs touristiques a été créé dans les années 60, une époque où le tourisme commence à apparaître et les vols commerciaux à se multiplier. À ce moment-là, prendre l’avion est encore un privilège, mais plus pour longtemps.
À l’époque, la croissance du marché de l’aéronautique est extraordinaire et dépasse souvent les 10 %. Sud Aviation et Dassault, deux constructeurs d’avions français, voit dans le marché des vols commerciaux une formidable opportunité de développement. Ils décident donc de se lancer dans la création du plus grand avion au monde. L’objectif : embarquer 300 passagers à bord et réduire les prix des billets d’avion pour chaque passager.
Face à l’ampleur de la tâche, le Royaume-Uni et l’Allemagne ne tardent pas à rejoindre le projet à la demande du gouvernement français. Un consortium européen, regroupant Hawker-Siddeley (un avionneur anglais), Arbeitsgemeinschaft Airbus (Allemagne) et Sud-Aviation, est alors créé. Il est baptisé Airbus et le projet d’avion A300 pour l’objectif des 300 passagers.
Le plus grand nombre de passagers et ses suites
Presque dix ans plus tard, en 1974, l’A300 est enfin inauguré. Si son nom est resté le même, il n’a pourtant pas atteint son objectif puisqu’il ne peut accueillir que 298 passagers dans sa version ne comprenant qu’une classe économique. Dans sa version avec une première classe, il ne peut accueillir que 266 passagers.
À deux passagers près, personne ne s’en formalise et en 1974, Airbus vient officiellement de produire l’avion pouvant réaliser des vols commerciaux avec le plus grand nombre de passagers à son bord. Un exploit européen qui ne manque pas de symbolisme alors que l’Union européenne commence à se faire une place dans le débat public.
Par la suite, Airbus se contenta de rajouter une dizaine à chacun de ses nouveaux modèles. Ainsi, l’A310 fut commercialisé en 1983, puis l’A320 en 1988. L’A340 fut fini en 1993 et l’A330 en 1994, mais les deux modèles n’avaient pas été mis en route dans le même ordre. La construction de l’A330 avait débuté avant et c’est pour cela que le modèle a hérité de cette dizaine.
L’A380, une signification particulière
Airbus s’est toujours montré assez régulier et s’est plié docilement à la nomenclature décidée dès les années 70. Pourtant, en 2007, l’A380 sort des usines alors que le dernier modèle portait le nom d’A340. Une drôle de décision qui peut, en réalité, s’expliquer très facilement par la volonté du consortium de percer sur le marché chinois.
En effet, à la fin des années 2000, le monde a pris conscience du formidable marché que représentait la Chine, ce pays au milliard d’habitants dont le PIB par habitant ne cesse d’augmenter. Résultat, l’A380 a été pensé pour séduire les investisseurs et les compagnies chinoises. Or, en Chine, le chiffre 8 est un chiffre porte-bonheur et les Chinois sont particulièrement superstitieux.
Une autre explication sur ce fameux huit peut parfois être entendue, mais elle n’est pas officiellement reconnue. Il paraîtrait que le huit eût été choisi pour représenter le double pont de l’avion. En effet, l’A380 avait comme particularité d’être le premier avion de tourisme à avoir deux ponts sur toute sa longueur. Le 8 représente donc ces deux ponts vus de face, l’un sur l’autre.
Pourquoi A318, A319, A321 et A350 ?
Si l’A380 a une bonne excuse pour rompre avec la nomenclature, qu’en est-il de l’A318 (sorti en 2008), l’A319 (sorti en 1996) et l’A321 (sorti en 1994). En réalité, toute cette pagaille est simplement due au fait que ces avions sont tous des versions alternatives, plus petites ou plus grandes, de l’A320. Airbus n’a donc pas voulu dédier une nouvelle dizaine à ces modèles.
Enfin, l’A350, quant à lui, est le dernier modèle sorti des usines en 2013. Cet avion-là est un retour aux sources de ses nomenclatures pour Airbus puisque ce modèle a été fabriqué 20 ans après l’A340 et qu’il renoue avec la tradition des dizaines.
La nomenclature des moteurs
Si l’on a souvent l’habitude d’appeler les avions produits par Airbus A380, A320, A350, etc., il ne faut pas oublier que ce ne sont pas leurs noms complets. En effet, chaque Airbus a trois numéros supplémentaires à la fin de son nom. Ces trois numéros viennent nous renseigner sur le moteur de l’appareil et son constructeur.
Les deux premiers numéros de ce triptyque nous renseignent sur l’identité du constructeur. 0, c’est General Electric. 1, c’est CFM International. 2, c’est Pratt & Whitney. 3, c’est International Aero Engines. 4, c’est Rolls-Royce. Enfin, le dernier chiffre nous renseigne sur le modèle du moteur choisi par le constructeur. Selon l’année et le constructeur, le numéro désigne un moteur différent.